La cour Montmayeur
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
La cour Montmayeur

Forum des troupes de reconstitution historique Médiévale
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Soldes d’été 2024 : trouvez les ...
Voir le deal

 

 La joute de deux armées devant l'empereur Sigismond

Aller en bas 
AuteurMessage
Baron Gaspard Montmayeur
Maréchal de Savoie
Maréchal de Savoie
Baron Gaspard Montmayeur


Nombre de messages : 1632
Age : 52
Localisation : Bourg en Bresse, Ain
Date d'inscription : 08/05/2006

La joute de deux armées devant l'empereur Sigismond Empty
MessageSujet: La joute de deux armées devant l'empereur Sigismond   La joute de deux armées devant l'empereur Sigismond EmptyDim 18 Juin 2006 - 12:49

Le plus grand événement de l’adolescence de Jacques de Montmayeur fut également le plus grand événement de la nation savoisienne. En effet, le jeune garçon assista et participa aux cérémonies et fêtes qui, le 19 février 1416, marquèrent à Chambéry l’érection du comté en duché de Savoie par Sigismond, l’empereur de Germanie. Gaspard II de Montmayeur se trouva évidemment au premier rang des acteurs en raison de sa fonction de maréchal de Savoie comme des titres de sa famille, mais Jacques de Montmayeur tint également un rôle très remarqué. Avec les garçons et les filles de son âge, il assura le service de l’empereur et de sa suite, en particulier pour le grand festin donné dans la salle des Lions, au château de la capitale, où, après que le poète Jehan Servion eut déclamé une œuvre composée pour la circonstance, les convives furent gratifiés d’un gâteau gigantesque qui représentait une carte en relief de tous les états de Savoie. La fête allait bon train et Jacques de Montmayeur fut d’autant plus grisé qu’il rencontra non seulement de nombreuses coupes de vins de Savoie, mais encore la bouche d’une jolie jouvencelle. Elle se nommait Louise de la chambre, elle avait un goût de pêche dans un sourire ineffable. Il décida qu’elle serait sa dame et qu’il porterait ses couleurs pour le grand tournoi.
Sur le pré du Colombier, les hommes des deux camps se mirent en place : d’un coté, c’était le camp de Bernard de Chissé et, de l’autre, c’était celui de Gaspard II de Montmayeur.
Près de son père, Jacques, qui n’était pas assez grand pour porter l’armure, avait cependant revêtu une chemise de mailles et trouvé un heaume à sa mesure dans les panoplies familiales.
Son panache était aussi rouge que la robe de la fillette qu’on voyait sur l’estrade parmi les costumes qui formaient un bouquet autour de Sigismond de Germanie.
Jacques, serrant un jeune pur-sang dans les jambes, résista au silence qui suivit jusqu’à ce cri extraordinaire dans lequel la joute s’engagea. Malgré la terre alourdie de neige et de boue, ce fut une charge folle avant la rencontre fracassante des sabots et des lances. La mêlée se déchaîna, brisant les armes, arrachant les heaumes, voilant les étriers. Cavaliers et chevaux déferlaient dans le vacarme du combat qui devient une vraie bataille.
Soudain, Bernard de Chissé aperçut Gaspard de Montmayeur à découvert, isolé dans un espace vide. Poussant son cheval au galop, il se rua sur son adversaire, le saisit par le cou et, s’arcboutant sur sa selle, le tira à lui pour le démonter. Montmayeur, surpris, ploya en une position périlleuse qui l’empêchait de fournir la moindre riposte :
« Il va s’écrouler ! » entendit-on sur l’estrade.
Mais voici que surgit la flamme d’un panache : c’était Jacques ! Trop petit pour pouvoir atteindre Chissé, il se mit debout sur son cheval pour se jeter sur le commandant adverse, lui assénant un coup de masse qui lui fît lâcher prise et permit à Montmayeur de se dégager.
Les spectateurs s’étaient levés d’enthousiasme devant cette action téméraire qui s’avéra déterminante pour l’issue de la partie. En effet, elle décupla l’ardeur de Gaspard et de ses hommes et, lorsque le premier duc de Savoie déclara que le tournoi de son investiture était terminé, un écuyer fit sonner les trompes et annonça :
«  La victoire est à Montmayeur !  »
Des applaudissements bruyants éclatèrent autour de la lice et Sigismond et Amédée descendirent vers Montmayeur pour le féliciter :
«  Gaspard, je t’ai vu dans un mauvais pas », ajouta l’empereur.
« Il s’en est fallu de peu que Chissé ne te mette le nez au crottin ! Sans ton fils, tu perdais le tournoi ! Qu’il s’approche ! Je veux le congratuler aussi ! »
Jacques, le visage tuméfié mais souriant, s’avança, son panache à la main. L’assemblée fut émue de le trouver si jeune et, au fond de lui-même, notre héro était importuné par sa popularité soudaine et trop facile.
«  Très bien ! » lui dit l’empereur. «  Tu es un vrai Montmayeur et, comme ton père, je suis fier de toi ! Que veux-tu comme récompense ? »
Jacques n’écoutait pas, il contemplait Louise de la Chambre en constatant qu’elle avait les yeux rouges et l’air ravi. L’empereur sourit et, se tournant vers la fillette, lui donna le conseil d’accorder un baiser à celui qui avait si vaillamment défendu ses couleurs. Louise s’approcha, Jacques lui donna son panache, puis tous deux s’embrassèrent bien fort sur les joues avec l’admirable sincérité de leur âge.
«  Tu ne m’as pas répondu, Jacques ! » reprit l’empereur.
«  Que désires-tu pour ton exploit ? »
L’aiglon planta ses yeux sur ceux de l’empereur :
«  Votre poignard, si vous le permettez, sire. »
«  Le voici, il est à toi ! Que sa lame t’aide à défendre le beau et le juste ! »
Pendant trois jours et quatre nuits ce ne furent que parades, défilés, comédies, danses et musiques. Le jeune garçon fut de tout, avide de voir, d’apprendre et d’admirer. Souvent on l’aperçut, tenant par la main sa petite compagne Louise qui était subjuguée par son enchanteur. Tous deux avaient naturellement décidé qu’ils deviendraient mari et femme, mais la vie devait leur apprendre qu’il y a loin de la coupe aux lèvres.
Le jeune Montmayeur devait en garder la conviction absolue qu’il appartenait à une grande race, que l’amour de la patrie était le plus noble et que le vrai plaisir, c’était l’amour d’une jouvencelle.

( Louise de la Chambre se mariera plus tard avec Aymard de Cordon.)
Revenir en haut Aller en bas
http://lacsdamour.canalblog.com/
 
La joute de deux armées devant l'empereur Sigismond
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Les Deux Vinettes recrutent

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
La cour Montmayeur :: Le quartier des médiévistes :: Histoire médiévale de la Savoie-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser